A l’occasion d’une balade avec deux apprenants "confirmés" de la vélo-école à Créteil, nous avons emprunté cette route du Port de Bonneuil, relativement calme en ce dimanche matin de décembre.
Nous avons longé, tout d’abord, le quai de Bonneuil à Saint-Maur (rive droite de la Marne) puis tourné à droite sur le pont de Bonneuil, emprunté la Route de Stains, et enfin, rejoint le quai du Raincy (à pied sur le trottoir en contre sens, rive gauche de la darse sud).
Sans surprise, le pont de Bonneuil ne comporte aucun aménagement cyclable. L’un des apprenants, peu rassuré, et en l’absence de piéton a circulé sur le trottoir (interdit !), l’autre plus à l’aise, sur la chaussée devant l’animateur assurant sa sécurité.
De l’autre côté du pont, nous constatons que la piste cyclable démarre sur le trottoir sans insertion depuis la chaussée.
On peut remarquer, en particulier :
- que la piste se situe du côté bâti et le trottoir du côté chaussée.
- que la piste et le trottoir zigzaguent respectivement...
Au croisement, de la route de Stains et de la route de l’ile barrière, nous nous interrogeons sur comment les piétons et les cyclistes vont pouvoir continuer leur cheminement respectif sans se gêner...
Rappel de la réglementation :
Les articles R.415-3 et R.415-4 indiquent que tout conducteur qui change de direction doit céder le passage aux cycles et cyclomoteurs circulant dans les deux sens sur les pistes cyclables qui traversent la chaussée sur laquelle il va s’engager, sauf indication contraire donnée par la signalisation.
Le décret 2010-1390 du 12 novembre 2010 introduit de nouvelles avancées concrètes quant au principe de prudence pour la sécurité des piétons.
La piste cyclable zigzague, donc, le long du bâti, un coup à droite, un coup à gauche, puis traverse la rue de l’île barrière...
...pour re-tourner à gauche...
...puis à droite, dans un périmètre réduit, inadapté pour des cyclistes qu’ils soient débutants ou chevronnés....C’est inacceptable !!!
On remarquera sur ce document le cheminement cycliste rectiligne, sur une piste unidirectionnelle pour traverser une intersection.
Alors que dans la réalité, c’est un gymkhana pour cyclistes experts capables de tourner dans un mouchoir de poche...
Ainsi, les aménagements prévus pour les usagers les plus vulnérables ne sont pas rectilignes contrairement à la chaussée pour les usagers les moins vulnérables dont la vitesse constatée est souvent excessive les jours où le trafic routier est calme.
Il conviendra, donc :
- de rétablir le cheminement cycliste contigüe à la chaussée ET rectiligne...comme les véhicules à moteur !
- de rétablir le cheminement piéton côté bâti.
- d’élargir les cheminements piétons et cyclistes au droit du passage piéton, soit 5m (1,8m + 3m) pour que l’intersection des cheminements soit suffisante pour se croiser, mais aussi pour que les cheminements respectifs puissent être facilement identifiables.
- de créer un plateau surélevé pour sécuriser le passage piéton et cycliste perpendiculaire à la route de Stains, dont la pente sera adaptée à la circulation des bus, permettant de réduire la vitesse des engins motorisés.
...de plus, en section courante, nous constatons une largeur insuffisante de la piste compte tenu des obstacles présents, non repérables et non détectables....de nuit sous la pluie...alors que l’emprise est suffisante.
L’espace prévu à l’arrêt d’autobus n’est pas suffisant car il aurait fallu prévoir une piste cyclable de 3m, une cheminement piéton d’au moins 1,8m et une zone technique de 2m pour que tous les usagers vulnérables puissent évoluer aisément dans leur espace et cheminement respectif.
L’aménagement s’arrête...Pourquoi ?...
C’est simple, nos aménageurs optent pour la solution de facilité. Ils préfèrent faire du mètre linéaire, de la section courante plutôt que de traiter, d’abord les points durs, les zones sensibles telles que les passages piétons et traversées cyclistes, les intersections, alors que l’on sait que ce sont à ces endroits que l’accidentologie est la plus récurrente.
CQFD : Les intersection ne sont pas traitées...
Les largeurs respectives du cheminement piétons et cyclistes sont réduites au strict minimum, obligeant nos aménageurs à implanter des obstacles non repérables et non détectables (éclairage public) à cheval sur ces cheminements.
Pourtant l’emprise est suffisante puisque qu’il existe une voie de circulation pour tourner en gauche (sens St Maur-Bonneuil).
Il conviendra de prévoir une zone technique sur le trottoir afin que le mobilier urbain ne soit pas implanté sur les divers cheminements des plus vulnérables.
Largeur minimale pour une piste cyclable bidirectionnelle :
Largeur minimale pour un trottoir :
La piste cyclable n’est pas entretenue :
Voyons la largeur de la piste sur le pont au dessus de la darse sud...
2,10m c’est plus qu’insuffisant...
La sortie du pont (sens St Maur/Bonneuil) n’est pas satisfaisante puisqu’elle comporte les mêmes insuffisances constatées précédemment (largeurs, obstacles) alors que l’emprise semble suffisante...
Google View avant :
Vue, après...
La piste devrait continuer de façon rectiligne...cela "saute" aux yeux. L’emprise est, à priori, suffisante puisque le terreplein central aurait pu être "pris" et affecté aux largeurs des cheminements piétons, cyclistes, ou à une zone technique sur le trottoir, pour y implanté le mobilier urbain.
Le cheminement piéton n’est pas rendu accessible (manque d’espace, pente, pas de Bande d’Éveil de Vigilance...)
Au lieu de cela, nous constatons toujours et encore des largeurs insuffisantes et des obstacles...
Un bon point tout de même, la "zone technique" (arrêt autobus) entre le trottoir et la piste cyclable. Elle aurait pu être prévue sur l’ensemble du tracé afin d’y implanter l’ensemble du mobilier urbain.
Notre visite se termine par des potelets dont la repérabilité et la détectabilité est discutable...Pour tourner à droite, les cyclistes feront un virage à angle droit pour entrer dans la zone 30.
Si l’on fait demi-tour et que l’on se dirige de Bonneuil vers Saint Maur, on remarque les imperfections et les anomalies constatées précédemment.
De plus, nous regrettons qu’aucun aménagement ne soit prévu pour raccorder la route de Stains au quai du Rancy qui permet de rejoindre calmement et tranquillement le Parc Départemental du même nom mais aussi les Iles (de la Gruyère, Brise-Pain et Sainte-Catherine) de Créteil...Dommage !
Conclusion :
Aujourd’hui (début janvier 2013), la continuité avec la piste cyclable le long du Bus en site propre 393 n’est pas réalisée, tout comme le jalonnement aux diverses intersections.
Cet aménagement apporte un certain confort mais une sécurité très très relative puisque les zones sensibles que représentent les intersections ne sont pas traitées, ou, lorsqu’elles sont le sont, ne créent pas les conditions satisfaisantes pour les déplacements des plus vulnérables à savoir, d’abord et avant tout, la réduction de la vitesse sur ces lieux potentiellement accidentogènes.
Enfin, cet aménagement a été réalisé par le Département sans aucune concertation avec les associations vélo locales.
Bibliographie :
VeloBuc - Pistes cyclables
Certu Les pistes cyclables - ADAV Arras
Article R415-3 du code de la route
Article R415-4 du code de la route
Fiche 3.0 : Encombrement des trottoirs - Certu
Fiche 3.1 : Encombrement des trottoirs - Certu
Les bandes d’éveil de vigilance - Certu
Les carrefours urbains - Certu
- L’article 20 de la « LAURE » - Une voirie pour tous ARRETE Arrêté du 15 janvier 2007 portant application du décret n° 2006-1658 du 21 décembre 2006 relatif aux prescriptions techniques pour l’accessibilité de la voirie et des espaces publics. NOR : EQUR0700133A Version consolidée au 03 octobre 2012
Mesures-en-faveur-des-pietons-decret-1211101
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Dernière mise à jour : mercredi 16 mars 2016